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La Fleur rouge
Natacha Klimova et les maximalistes russes
Maud Mabillard
La Russie, à la fin du XIXe siècle. Face aux souffrances du peuple, le vieux Tolstoï appelle les aristocrates parasites à renoncer à leurs fastes et à vivre à la sueur de leur front.
Comme beaucoup de jeunes gens, Natacha Klimova, fille d’un noble de Riasan, embrasse les idées du grand écrivain. Mais s’habiller modestement, faire soi-même la vaisselle ne suffit pas. La jeune fille se consume dans « l’inertie et le doute », jusqu’au jour où elle rencontre un homme du peuple, un vrai paysan, qui l’entraîne dans la clandestinité d’une organisation terroriste. Après avoir participé à l’attentat  le plus meurtrier du début du siècle (une trentaine de victimes, en août 1906), elle est arrêtée et condamnée à mort. C’est ici que commence l’histoire de la « Fleur rouge ». Et cette histoire nous restitue tout le romantisme de ces temps où l’espoir le disputait au néant dans des cerveaux brûlés.
La trace ténue, en Suisse, d’une grand-mère révolutionnaire : c’est presque par hasard que l’auteur commence son enquête sur Natacha. On tire ce mince fil  – quelques lettres d’abord, des témoignages, des rapports de police — et voilà tout l’écheveau de la révolution russe qui dégringole des placards de l’Histoire. Nous voyons Lénine, à Paris, jouant aux échecs. Puis c’est le jeune Maïakovski, 16 ans, qu’on jette en prison et qui, pour la toute première fois, écrira un poème. Et surtout il y a Tolstoï, dont la vie nous est restituée magnifiquement par l’auteur, qui en a fait le contrepoint de son thème principal : un ami d’enfance de Natacha est devenu le secrétaire particulier du grand écrivain de la terre russe, celui qui consignera ses faits et gestes, jusqu’à son indicible agonie dans une gare de province.
Ayant fui la Russie (l’évasion de Natacha Klimova est d’un romanesque inouï), traversé la Chine au pas des caravanes, embarqué sur un rafiot à destination de Naples, la « Fleur rouge » retrouve la vieille Europe, où les révolutionnaires russes sont aussi nombreux que les mouchards du Tsar. Mais il suffit parfois qu’un ventre s’arrondisse pour que l’ardeur à conspirer s’essouffle et disparaisse. Nous retrouvons la pasionaria les manches retroussées, lavant, reprisant, allaitant, qui tient un petit ménage sans histoire en Suisse romande. La révolution d’Octobre éclate. Natacha se ranime, ses espoirs se rallument ; elle retourne à Paris avec ses deux filles. Elle y meurt, comme Apollinaire, comme des millions d’anonymes, de la grippe espagnole.
En se basant sur les archives de la police du tsar, les témoignages de contemporains et, surtout, les lettres de Natacha Klimova, ici traduites pour la première fois, Maud Mabillard mène son récit avec un talent rare.
La Fleur rouge -
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  • Les Éditions Noir sur Blanc
  • Essais-Documents
  • Essai, analyse
  • Date de parution : 01/03/2007
  • Format : 14,5 x 23,5 cm, 304 p., 16,25 EUR €
  • ISBN 978-2-88250-189-9
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