Tiens regardez-moi cet imbécile ! Il ferait mieux de nous aider à éponger plutôt qu’à se pavaner dans la rue.

Le 12 juin 2018, cette phrase fut le déclic.

Ce jour-là depuis 5h du matin je surveillais le ciel. Avec mes équipes nous avions tout fait pour limiter les dégâts en cas de débordements du ru qui traverse le village dont je suis le maire. Quelques heures plus tard, malgré nos efforts, malgré notre nettoyage des branchages qui obstruaient le ru, une vague de boue et d’eau a finalement envahi la commune. C’était grave. Cela aurait pu être pire. Mais parce que j’étais le maire, j’étais tenu pour responsable.

La pluie tombait dans des proportions jamais vues, mais pour certains de mes administrés, c’était entièrement de ma faute si leurs caves étaient inondées.

Toute la journée nous avons parcouru le village pour coordonner les secours, répondre aux urgences. Puis, en passant dans une rue, j’ai entendu cette femme qui écopait chez elle. Elle ne s’est pas adressée directement à moi. Non, elle a juste parlé assez fort pour être sûre que je l’entende. Tiens, regardez-moi cet imbécile…?

Tout mon engagement au service de ma commune depuis plusieurs années venait de voler en éclat

A ce moment précis j’ai su que je ne voulais plus être maire.

Je ne voulais plus de cette lutte quotidienne, pris en étau entre les exigences toujours plus grandes des administrés et le désengagement notoire de l’Etat. Moins de services, moins de conseils, moins de moyens… Je n’en pouvais plus d’essayer de faire mieux avec moins. D’avoir toujours plus de responsabilités et toujours moins de reconnaissance. Je n’avais plus le courage de continuer.

Le ras le bol d’un jeune maire coincé entre les exigences, la violence de ses administrés et le désengagement de l’état. De multiples anecdotes sur sa vie quotidienne et les raisons pour lesquelles il ne présente pas en mars 2020.